Analyse du discours de Sarkozy à sa première Conférence de Presse

Quand Sarkozy allume le patron de Libé...
Vidéo envoyée par MrZapouille

Revenons sur cette partie de la Première Conférence de Presse de Nicolas Sarkozy...

I. L'Humour.

Tout au long de la conférence, et en particulier de cette partie, Sarkozy utilise l'humour. Pourquoi ?

• Déjà pour faire croire à une complicité avec la masse de journalistes présents dans la salle.
• Pour dédramatiser une question "grave" ou plutôt "importante" comme celle de cette vidéo.
• Et également pour rendre tellement ridicule la question (pourtant essentielle) et le journaliste, que la réponse du chef de l'état nécessitera moins d'arguments de sa part.

Oui, il est calculateur, mais nous le savions déjà...

II. La "Monarchie Élective".

Sarkozy dit : "Mais... Monarchie, ça veut dire héréditaire..."

Monarchie, si on reprend le terme, vient du grec mono « seul », archein « pouvoir » : « pouvoir non d'un seul, mais en un seul ».

En gros, une monarchie est un système ou le président, ou le roi, ou ce que l'on veut, concentre les 3 pouvoirs fondamentaux ; Pouvoir Juridique, Pouvoir Législatif, Pouvoir Exécutif. On peut même dire que dans nos sociétés modernes, un autre pouvoir existe : celui des médias.

La monarchie n'a absolument aucun rapport avec l'hérédité. Les monarchies électives existent depuis toujours, et actuellement, il y en a une :

- au Cambodge, où le roi est élu par le Conseil du trône, parmi les membres des familles Norodom, Sisowat, ou Ang Duong.

- la Malaisie, où le roi est élu par les neuf sultans des États de Malaisie.

- ou encore les émirats Arabes Unis où le roi est élu par les sept émirs du Conseil Suprême.

En France, jusqu'à la mort de Philippe II, les rois étaient élus par la Noblesse.

N'oublions pas Napoléon III, élu par 74% des voix au suffrage universel, et qui fut le dernier monarque de France et son premier président (vous voyez bien que monarques et présidents sont parfois compatibles).

Petite définition pour finir : "Une monarchie élective est un type de monarchie constitutionnelle où le monarque accède au trône par une élection et non de façon héréditaire."

Bon. Maintenant analysons Sarkozy.

Concentre t-il les 3 (4?) pouvoirs en sa propre personne ?

- Législatif : Il veut une loi, il l'a, ses ministres et le parlement (sans parler du conseil constitutionnel) ne sont que décorations. (Guy Moquet, Rétention de sûreté, etc...).

- Judiciaire : Depuis toujours, le président à trop de pouvoir judiciaire en France. Ça ne date pas de Sarkozy, mais le président est libre de gracier quelqu'un, par exemple.

- Exécutif : C'EST le rôle du président, du premier ministre et des ministres. Fillon n'existe pas, les ministres décorent... Le pouvoir exécutif revient lui aussi à Sarkozy.

- Médias : Entre censure et correction d'interviews, le président contrôle la Presse de façon irréfutable. Seuls quelques journaux résistants (Marianne, Charlie Hebdo, Canard Enchainé...), restent libres.

Donc en résumé : Le président a les 4 pouvoirs, et est élu par le peuple. Nous sommes donc dans une monarchie élective.


Donc pour en revenir à la phrase (que vous pouvez voir dans la vidéo) : "Mais... Monarchie, ça veut dire héréditaire...", et bien c'est complètement faux.


"Une monarchie élective est un type de monarchie constitutionnelle où le monarque accède au trône par une élection et non de façon héréditaire."


Ça c'est fait.




III. Les exemples d'anciens présidents

"Vous pensez que machin ne disait pas à ces ministres ce qu'il souhaitait ?"

Il faudra lui expliquer qu'il existe une différence entre "Souhaiter" et "Exiger".



IV. La Cinquième république

"Vous pensez que c'est moi qui ait inventé la Ve République ?"

Non mais on a l'impression que la VIe arrive...



V. Vous en parliez déjà du temps du général De Gaulle...

"...c'est du recyclage ça".

En avoir critiqué un n'empêche pas de faire les mêmes remarques à l'autre...



VI. L'instituteur

"Vous n'avez donc trouvé que ça ?"

Ecoutez bien la façon dont il le dit... On jurerait entendre un instituteur engueuler un enfant de 8 ans...

Une fois encore, ce n'est qu'une manœuvre pour rendre ridicule le journaliste et lui enlever le peu de crédibilité qui lui restait...



VII. Le Martyr

"C'est moi qui ait été élu, c'est moi qui porte les échecs et les succès"

Pendant cette partie de son monologue, il veut se faire passer pour le pauvre Martyr sur lequel s'abat toute la misère du monde...



VIII. Inversement

"[...] L'irresponsabilité c'est celle qui consiste à dire : "J'ai demandé au premier ministre de baisser le chômage, il ne l'a pas fait, je change de premier ministre". Ça c'est pas la démocratie."

Entièrement d'accord. Mais c'est pourtant EXACTEMENT ce que tu veux faire, mon cher Nicolas, avec ton système de notation des ministres selon des critères établis par des organismes privés.

SARKOZY VIENT DONC D'AVOUER QUE NOUS N'ÉTIONS PLUS EN DÉMOCRATIE, OU EN TOUT CAS QUE NOUS NE ME SERONT PLUS DANS PEU DE TEMPS.



IX. Collabo !

"Moi je travaille en équipe avec François Fillon, d'ailleurs je mets au défis quiconque de trouver le mot "collaborateur" dans UN SEUL de mes écrits ou dans UNE SEULE de mes déclarations, je serais très intéresse de le retrouver ; vous devez bien avoir ça dans vos archives, M. Joffrin ?!"

Et bien oui : http://www.liberation.fr/actualite/politiques/302421.FR.php



X. Ministres Notés

Si vous écoutez bien, il dit que "[M. Joffrin, ndlr] doit savoir ce que c'est de travailler dans des conditions économiques difficiles !"

Si on écoute cette partie en entière, et plus particulièrement la phrase ci-dessus, on comprend en gros : "Les ministres et les réformes de merde sa coute du fric pour rien, et on en a pas, de fric".



XI. L'ouverture

Il parle avec fierté de son gouvernement "d'ouverture" (le truc qui consiste à récupérer des traitres un peu partout pour éliminer les partis rivaux de la majorité présidentielle). Il a également dit qu'il avait demandé au ministres de gauche de rester de gauche.

Pourtant à la fin, il dit : "[...]Seulement évidement, ça c'est pas la gauche qui le fait... c'est nous. Et c'est là toute la différence."

Nous = Lui, le premier ministre et les ministres.

Il a dit que les ministres de gauche étaient resté de gauche. Alors pourquoi dit-il que "ce n'était pas la gauche qui faisait tout ça, que c'était eux" ? Il s'est trahis dans cette phrase.



XII. Bonus

Voici en bonus le commentaire de Marsvolta121 laissé sur la vidéo, et qui résume parfaitement en quoi nous sommes en monarchie élective :

Merci Monsieur Joffrin de réhabiliter la fonction journalistique 
Dans la monarchie , Le Roi règne et partageait les richesses avec les nobles , les bouffons le mettait en valeur et étaient admiratif de tous ses mots , et le pauvre peuple qui était créateur des richesses n'en profitait pas.
Dans la SARKOZIE , le président (le roi) règne et partage ses richesses avec les plus riches (via le paquet fiscal) , les journalistes (les bouffons) le mettent en valeur et sont admiratifs du moindre de ses mots et rient comme des minables quand il s'en prend à l'un d'entre eux qui LUI fait son boulot , et le peuple se fait avoir (sauf que la c'est lui qui a mit le roi au pouvoir donc c'est un peu bien fait pour sa gueule ... du moins pour 54% d'entre eux)


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Kara07